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Digitalis purpurea L.
Digitale pourpre

Scrofulariacées

Médicinale – Ornementale
Très toxique

Europe de l’ouest et du nord - Canada – Zones tempérées

Autres noms :
Grande digitale – Gant de Notre Dame – Doigt de la Vierge – Gant de bergère – etc…
Roter Fingerhut (allemand)
Purple Foxglove (anglais)

Étymologie :
Du latin : digitus (doigt) ou digitabulum (doigt de gant).

Habitat :
Elle est présente dans toute l’Europe occidentale et septentrionale (limitée au 62° de lat. nord), au Canada et dans les zones tempérées, sur les sols siliceux ou granitiques, à une altitude moyenne de 400/500 m pouvant aller jusqu’à 1500 m.
Elle est fréquente en France dans les Vosges, les Ardennes, le Massif Central, et les Pyrénées. On la trouve rarement sur les sols calcaires et elle est absente du bassin méditerranéen.
Elle préfère l’ombre légère des clairières et affectionne particulièrement celles crées par de récentes coupes de bois, les lisières et le bord des chemins de la forêt ; à ce moment là, les plantules bénéficient de la lumière solaire qui leur est indispensable pour végéter.

Identification :
Plante herbacée habituellement bisannuelle ; quelquefois vivace dans les zones les plus tempérées.
La 1ère année, les feuilles de la base s’organisent en rosette, elles sont ovales, lancéolées, recouvertes sur la face inférieure de très fins poils gris (aspect duveteux).
La 2ème année, une nouvelle rosette apparaît ; en son centre s’élève une tige de 0,50 à 1,50 m de haut. Elle porte des feuilles alternes aux nervures très saillantes, de taille décroissante vers le sommet où se développe l’inflorescence en forme de grappe, unilatérale.
Les corolles, à cinq lobes inégaux, sont en forme de doigts de gant, pendantes, de couleur pourpre à l’extérieur, rose pâle avec des taches plus sombres à l’intérieur (rouge vif à presque noir). Leur taille peut atteindre 5 cm.
La floraison a lieu de mai à septembre selon les régions et l’altitude.
Les fruits sont en forme de capsules ovoïdes à deux loges, contenant de nombreuses et très petites graines jaunâtres au pouvoir germinatif de longue durée (jusqu’à quinze ans). C’est une plante des milieux plutôt ouverts.

Historique :
Bien que probablement connue, et reconnue pour ses propriétés, dans l’Europe du Nord, elle semble totalement ignorée des Grecs, des Arabes et des peuples orientaux (aucune mention chez Dioscoride, Pline ou Galien).
La première description connue est due à Léonard FUCHS (1501-1566), médecin botaniste d’origine suisse, dans un ouvrage publié à Bâle en 1542 " De historia stirpium ". On y trouve une planche, une description et l’indication d’un usage thérapeutique voisin de celui des plantes aux " saveurs amères " pour soigner les blessures, les œdèmes du " thorax et des poumons ".
Au XVIIème siècle, un Anglais, Parkinson, la prescrit pour le traitement de l’épilepsie.
En 1775, un médecin et botaniste anglais, William Withering publie un ouvrage qui lui est consacrée " An account of Foxglove and some of its medical uses ". Il préconise, comme Fuchs, l’usage de la plante comme diurétique puissant dans le traitement de l’hydropisie.
C’est en 1868 seulement qu’un Français, Nativelle, parvient à isoler, par cristallisation, une substance extraite des feuilles de digitale qui va prendre le nom de " digitaline ".

 

 

Propriétés :

Médicinales :
On sait qu’en Europe, à partir du 16ème siècle (cf. L. Fuchs) et jusqu’au 19ème siècle, on a utilisé les feuilles de digitales en décoction, infusion, emplâtre pour soigner les blessures, l’épilepsie, l’hydropisie et comme diurétique. C’est sa prescription dans les cas d’œdème du poumon qui permit de constater ses effets sur le rythme cardiaque et amena les chercheurs à isoler un de ses principes actifs majeurs : la digitoxine (ou digitaline). En cas d’insuffisance cardiaque, la digitaline provoque un accroissement de l’amplitude des battements du cœur et un ralentissement du rythme cardiaque. Elle agit selon la règle dite des 3 R : Renforce, Régule et Ralenti, c’est ce dernier effet qui peut provoquer la mort par arrêt du cœur en cas d’intoxication ou de mauvais dosage.
Elle est donc diurétique et sédative du cœur. On l’utilise aussi en médecine vétérinaire, surtout pour le cheval.

Utilisation :
La digitale pourpre est utilisée par l’industrie pharmaceutique, mais elle est également très prisée pour ses qualités ornementales.
Les feuilles sont récoltées (la 2ème année), juste avant la floraison, sur les plantes à l’état sauvage mais surtout sur celles qui sont cultivées à cet effet (en majorité en Hollande mais aussi en France).

Toxicité :
Reconnue au 16ème siècle (L.Fuchs), elle se manifeste dès l’absorption de très faibles quantités (40 gr de feuilles fraîches peuvent provoquer la mort).
Apparaissent d’abord des troubles digestifs (vomissements, diarrhées), des troubles du comportement (somnolence ou agitation, confusion mentale), des troubles visuels (modification des couleurs, scintillements, vision de halos colorés en jaune*), enfin des troubles cardiaques graves pouvant entraîner la mort.
Il est à noter que toute la plante est réputée toxique et que toute intoxication due à la digitale (plante ou d’origine médicamenteuse) est à considérer comme grave (inscrite au tableau A des substances vénéneuses).
Les animaux semblent connaître cette toxicité et les cas d’intoxication sont très rares, il a même été envisagé de planter des digitales en bordure des forêts pour écarter le bétail et préserver les arbres.
Certains insectes mangent les feuilles et stockent les toxines pour se préserver de prédateurs.

*En 1981, un Américain, LEE T.C., a publié un ouvrage " Van Gogh’s vision : digitalis intoxication ", dans lequel il émet l’hypothèse que certains tableaux de Van Gogh sont peut-être le résultat d’un traitement contre l’épilepsie à base de digitale.

Bilbliographie :
Voir Bibliographie générale

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